Fragments des Heures 2021
Travail réalisé avec l’IUT d’Aix-Marseille Université -département Métiers du Livre et du Patrimoine- sous l’initiative de Patrice Ruellan, professeur de littérature.
Travail réalisé par Philippe Guesdon :
Diptyques de peintures inspirées des gravures agrémentant le livre Heures à l’usage de Rome imprimé le 22 août 1498 à Paris par Philippe Pigouchet pour le libraire Simon Vostre.
Le passage de la gravure à la peinture de gravure est ici poussé. Cette façon de travailler interroge la mémoire d’un geste, la trace laissée par l’outil du graveur, le rapport du signe au dessin, la distance plastique du motif à son détail schématisé, le parcours entre ce qui est ôté et ce qui reste préservé, le cheminement entre ce qui fut dit et ce qui est entendu aujourd’hui…
philguesdon 2021
Chacun de ces 26 diptyques est réalisé à l’acrylique et poudre de métal sur 2 toiles sur châssis de 50×50 cm :
Avec Fragments des heures, Philippe Guesdon donne une nouvelle vie à un livre d’heures, petit livre de dévotion à usage privé, très répandu à la fin du Moyen Âge.
Retravaillés sous forme de « fragments », et de « fragments de fragments », avec une méthode récurrente et infaillible, constituant ensemble une variation sur un même thème, les figures bibliques, beaucoup plus loin de notre sensibilité qu’elles pouvaient l’être pour un lecteur médiéval, nous parlent autrement. L’abstraction naît de la figuration et nous oblige à regarder différemment, en nous laissant d’abord emporter par les mouvements, les torsions, les éclats de peinture et la vibration des poudres métalliques, avant de nous questionner sur la structure de la fragmentation qui s’est opérée dans les œuvres.
Porteuse d’un sens nouveau, la décomposition fragmentaire nous incite à décentrer notre regard : du fragment au fragment de fragment, du regard de près à la vision d’ensemble, du centre de la gravure originale vers ses marges. Enrichie de ces différents points de vue, notre approche des œuvres s’en trouve modifiée par la perception de l’effet de loupe, suggéré à l’infini.
Peintre des vides puisque le trait de la gravure qu’il reproduit est sa toile de fond, Philippe Guesdon peint le geste du graveur qui évide les blancs, renouant ainsi avec une gestuelle maintes fois répétée avant lui, en en fixant ainsi sa mémoire sur la toile.
Aurélie Bosc,
Conservatrice en chef Patrimoine, Archives et Numérique Bibliothèque patrimoniale Michel-Vovelle, Aix-en-Provence
Série des Fragments de fragments
Peintures sur papier 80×80 cm