Parcelles 2020
peintures inspirées d’images de films anciens.
Ces peintures inspirées de films sont sans doute des parcelles de souvenirs, des fragments d’images, des brides d’émotions…
On peut rapprocher ces recherches récentes de celles entreprises lors de mes relectures des peintures romanes. Comment lire et que comprendre encore d’une image effacée, brouillée, recouverte, écaillée ? Que garde t’on, ici, d’images sorties de leur contexte filmique, rendues figées, fixées, déformées, perturbées par un traitement pictural pointilliste et balayées de badigeons métalliques contrastés ?
Mon travail de peintre achevé, ne perdurent de ces images sélectionnées que des semblants d’histoire, un récit tronqué lorsqu’il est encore perceptible, quelques figures identifiées, certains éléments que l’on parvient à nommer, peut-être encore quelques formes singulières ou familières, un objet reconnu… il ne faut donc pas trop penser que ces peintures racontent. Elles ne parlent ni tout à fait du film dont elles sont extraites, ni même de ce qui dans ce film peut sembler essentiel. Elles inventent, je le souhaite, un code plastique personnel. Une autre façon de dire l’émoi. Différemment formulé le sujet peut sembler perdre de son sens. C’est ce que je cherche. Quoi faire de cette sensation ressentie lors de la projection du film ? Comment le peintre peut-il rendre compte d’une si personnelle agitation intérieure, d’une si intime affection ? A partir d’une impression, d’un sentiment diffus, d’un bouleversement inattendu, d’une émotion incontrôlable, d’une surprise, d’un agacement, d’un frisson perçu lors de la vision du film et sous le prétexte d’un exercice de peinture, le modeler, le questionner, le transmettre. C’est certainement tout l’enjeu du corps-à-corps du peintre et de son tableau : le dépouiller de tout ce qui, par facilité, le parerait de rassurants effets et ne conserver en lui que ce qui le rend indispensable. J’aimerais offrir à celui qui regarde mon tableau ce sentiment extrême mais ténu qui m’a fait décidé de le peindre.
Philippe Guesdon, 2020
Ensemble de 25 peintures.
Acrylique et poudre de métaux sur toile tendue sur châssis de 100×100 cm